Que retenir du bilan 2024 sur le luxe de Bain & Co et Altagamma

Bain & Co et Altagamma publient chaque année un bilan du luxe très détaillé sous plusieurs angles d’analyse, tels que les marchés, les secteurs, les consommateurs, etc… et met en place quelques prospectives qui défient parfois les chiffres annoncés.

C’est le cas cette année où les deux sociétés d’étude prévoient une hausse du chiffre d’affaires du luxe dès 2025 alors que d’autres experts voient un marché atone jusqu’à 2027 dans leurs perspectives les plus optimistes.


La progression à deux chiffres, c’est fini !

Après une période de forte croissance post-Covid, le secteur a connu un léger ralentissement en 2024, principalement en raison des incertitudes macroéconomiques et du recentrage des consommateurs sur des dépenses plus essentielles. 

En 2024, le secteur du luxe a généré un chiffre d'affaires global de 1,48 trillion d'euros, affichant une stabilité après les hausses significatives des années précédentes. Seules un tiers des marques ont enregistré une croissance en 2024, contre 95 % en 2021-2022 et 65 % en 2023. Le marché de la seconde main affiche une croissance impressionnante de + 7%.


Que dit l’etude du secteur de la joaillerie?  

Parmi les segments des biens personnels de luxe, la joaillerie a été l’un des plus résistants en 2024, affichant une croissance de 0 à 2 %, atteignant 31 milliards d’euros. 


Les facteurs de croissance sont propres à l’activité joaillerie : 

  1. Le segment de la haute joaillerie en plein essor : La haute joaillerie a connu une forte demande, portée par les ultra-riches et les collectionneurs. 

  2. Diversification des acteurs : Les maisons de mode de luxe ont renforcé leur présence sur ce marché, intensifiant la concurrence avec les joailliers historiques. 

  3. Stratégies "high-low" efficaces : Les marques ont misé sur une double approche:

- Des pièces accessibles (bijoux en or et pierres fines) pour attirer une clientèle plus large. 

- Des pièces ultra-exclusives (diamants rares, créations personnalisées) pour séduire les clients fortunés. 

4. La montée en puissance des marques locales : Certaines maisons de joaillerie émergentes ont commencé à rivaliser avec les acteurs historiques du secteur. je vous renvoie sur mon interview de Clara Arnoulx de Pirey parue dans LUXUS+  

La tendance est à l’investissement et aux pièces “valeur refuge”

1. Augmentation de la demande en joaillerie d’investissement : Face aux incertitudes économiques, de nombreux acheteurs se tournent vers la joaillerie comme valeur refuge, notamment pour les pièces en or et en diamants de haute qualité. 

2. L’essor du marché de seconde main : Le secteur de la joaillerie d’occasion est en forte croissance, porté par un intérêt croissant pour les pièces patrimoniales et vintage. 

Collier vintage Van Cleef & Arpels - vente Christies 2024 ©Christies

  • Les préférences des consommateurs évoluent

1. Les jeunes générations privilégient les créations éthiques et durables. Même si le phénomène n’est pas encore vraiment affirmé et constaté en boutique, il est clair que les marques s’y préparent très activement (sur le plan légal : banissement des diamants russes, processus de Kimberley, obligation d’indication de provenance des diamants exigée par l’UE… Sur le plan marketing : mise en place du storytelling du diamant de De Beers,…)

2. La personnalisation des bijoux devient un critère clé d’achat. 

3. L’achat en ligne progresse, même pour les pièces haut de gamme, grâce à une meilleure transparence et aux expériences digitales immersives. 

La sensibilité au prix sera le prochain défi 

  1. Pression concurrentielle accrue : Les maisons de mode intègrent de plus en plus la joaillerie dans leur offre, menaçant les marques traditionnelles, même si jusqu’à présent, peu ont réussi à se hisser au même niveau de qualité, excepté Chanel, Dior, Louis Vuitton, Gucci).

  2. Sensibilité des consommateurs aux prix : L’augmentation des prix du luxe a conduit à une segmentation plus marquée entre clients ultra-premium et acheteurs occasionnels. Y a-t-il à terme un risque de détourner le client de marques devenues inaccessibles?

  3. Réglementations ESG et durabilité : Les consommateurs et investisseurs exigent plus de traçabilité des matériaux, une production éthique et une réduction de l’empreinte carbone. Sont-ils prêts à en payer le prix ?

Photo de page d’accueil : ©Isabelle Hossenlopp à partir d’un shooting de Sonia Sieff réalisé pour le Natural Diamond Council - Expositions BIG BANG - Paris 2024

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