Buccellati, 100 ans de poésie
La Maison Buccellati a fêté son centenaire en 2019 et revient sur le devant de la scène avec une collection courte et originale, inspirée par un ami et client de la Maison, le poète italien Gabriele d’Annunzio
Buccellati, 100 ans de poésie Une Maison familiale qui n’a rien perdu de son âme
Buccellati, la célèbre Maison d’orfèvrerie-joaillerie italienne fête ses 100 ans. Bien qu’elle appartienne au groupe Richemont depuis 2019, la quatrième génération de la famille est toujours présente dans les équipes, assurant la pérennité du bel esprit de la Maison. Pour fêter son centenaire, le joaillier a voulu rendre hommage à l’amitié du fondateur Mario Buccellati et du poète Gabriele d’Annunzio en lançant la collection Ombelicali, une édition limitée de sautoirs.
Une édition limitée, témoignage de l’amitié entre le « roi des orfèvres » et le poète
La collection Ombelicali se compose de boules de pierres aux couleurs vives dont le rythme alterne avec des boules d’or et des diamants. Dans les ateliers du joaillier italien, le travail de la pierre n’est pas nouveau, comme le montrent le collier Doge, composé de malachite et de lapis-lazuli, la coupe des Muses taillée dans un bloc de jade et sertie de saphirs sur une base d’argent ainsi que les grands sautoirs de la première collection Ombelicali.
L’origine de ces élégants colliers remonte aux années 1920, lorsque Gabriele d’Annunzio, généreux esthète, commandait des pièces à Mario Buccellati. Les deux hommes étaient très proches, le poète surnommait son ami Mario le « roi des orfèvres » et il n’échangea pas moins de 82 lettres avec lui. Certaines sont précieusement conservées dans les archives de la Maison italienne à Milan.
Gabriele d’Annunzio acquit en tout des centaines de pièces, sur lesquelles il aimait faire graver un mot pour les personnes à qui elles étaient destinées. Mario Buccellati dira lui-même que cette amitié fut très inspirante pour lui. Au-delà d’une simple fraternisation, leur relation s’est nourrie d’un réel échange artistique. Milan était à l’époque un centre mondial de la beauté et de l’innovation, très enrichissant pour les artistes, les architectes, les écrivains… Cette amitié est un bel exemple de l’émulation artistique suscitée par la capitale italienne. La collection Ombelicali, aujourd’hui revisitée, lui rend hommage.
Ombelicali rappelle l’époque où les femmes portaient sur leurs robes droites et ajustées de longs colliers qui reviendront à la mode, appelés sautoirs, à la fin des années 1960. La demi-douzaine de pièces uniques qui compose la nouvelle collection reprend le style des premiers colliers avec une nouvelle combinaison de pierres et de couleurs : jade, pierre de lune, cyanite, opale et onyx marient leurs teintes douces et lumineuses. L’un des plus beaux modèles est composé de perles de jade vert et d’un rare jade lavande. Entre chaque pierre, une boule de fleurs d’or entièrement travaillée et ciselée signe le travail d’orfèvre typique de Buccellati.
Le métier d’orfèvre
Les objets en argent et en or, pour la plupart des pièces uniques, tiennent toujours une part importante dans la production des ateliers de la Maison. Le travail de sculpture et de ciselure reproduit avec une finesse et un souci du détail incroyables les textures ou les matières telles que les nervures, les plumes ou le pelage des animaux. La finesse des pétales des broches Begonia et Peony, dont les bords sont entièrement ciselés, entourant un pistil qui a l’air aussi vrai que nature, est remarquable.
Les gravures de l’or telato, rigato, segrinato, ornato sont emblématiques de la Maison et entièrement réalisées à la main. Faites de très fines lignes parallèles ou perpendiculaires, de brocards ou de motifs floraux ciselés, elles se conjuguent sur la pièce, tamisant la lumière de différentes façons et signant un style unique d’une élégance absolue.
Dans les ateliers, ce sont les artisans formés par ceux de Mario qui ont pris la relève en conservant les plus belles traditions de savoir-faire. Le motif Tulle, qui a fait la réputation de la Maison, est toujours réalisé à la main, à partir de feuilles d’or minutieusement repercées et polies au fil. Ces pièces, souvent uniques, portent l’estampille de l’artisan qui les a réalisées. Si ce dernier ne les signe pas, il les infuse de son style, il appose sa patte qui permet in fine de reconnaître qui est l’auteur du bijou ou de l’objet.
Quand le savoir-faire joaillier de Milan inspirait l’Europe
Pour cette collection hommage au poète, Andrea et Maria-Cristina Buccellati avaient fait eux-mêmes le déplacement à Paris, ravis de présenter également le livre « Buccellati, a century of timeless beauty » Ed. Assouline, co-rédigé par Viviane Becker et Franco Cologni, historiens spécialistes de la joaillerie. « J’ai voulu faire une encyclopédie, pas seulement un beau livre » dit Maria-Cristina Buccellati. Au fil de cet ouvrage magistral, on retrouve effectivement toute l’histoire de la Maison, de la famille, des styles mais aussi des précisions sur les outils et le travail des artisans et, ce qui est plus rare dans ce genre de livre, une réelle mise en perspective sur la place de Milan dans le monde de la mode, de la beauté et des arts. Un très bel ouvrage.
Un diamant spécialement conçu en collaboration avec Taché Diamonds a vu le jour pour célébrer cet anniversaire d’exception. En forme de fleur, il reprend le dessin du logo de la Maison. Le « Buccellati cut » compte 57 facettes, soit autant qu’une taille brillant classique, étudiée pour obtenir le maximum de brillance et de lumière de la pierre.
Isabelle HOSSENLOPP
Parution originale L’OFFICIEL Horlogerie & Bijouterie Mars 2022, modifié en avril 2022
Les photos sont la propriété de la Maison Buccellati. Toute reproduction de texte et photos est interdite.