L’égyptomanie ou l’Orient rêvé de Cartier et Van Cleef & Arpels

Il y a tout juste 100 ans, en 1922, la découverte de la tombe de Toutankhamon fit naître une nouvelle influence artistique dans les arts d’Occident : l'égyptomanie.

Van Cleef & Arpels, bracelet d’inspiration égyptienne, platine, émeraudes, rubis, onyx, diamants

 

Il y a tout juste 100 ans, en 1922, la découverte de la tombe de Toutankhamon révélait une part importante de la culture égyptienne encore inconnue. A une époque où esthètes, collectionneurs et clients du luxe étaient sensibles à l’orientalisme, cette découverte fit naître une nouvelle influence artistique dans les arts d’Occident : l’égyptomanie.

Louis Cartier, collectionneur et bibliophile (il possède dans sa bibliothèque Le Livre des Morts), connu pour son esprit curieux, apporte sa pierre à l’égyptomanie naissante qui irrigue l’art à Paris, Londres et New York. A partir de petits motifs datant de l’Antiquité égyptienne acquis en Europe ou auprès de marchands orientaux*, il imagine des bijoux contemporains. 

Sphinx, hiéroglyphes, fleurs de lotus, scarabées, divinités, motifs architecturaux apparaissent sur des pièces qui se caractérisent par des couleurs vives, serties de cornaline, corail, lapis-lazuli ou turquoise. 

 

La superbe Pendule Egyptienne, création emblématique du patrimoine de Cartier réalisée en 1927, reproduit le portique du temple de Kanak. Déjà adoubée par une grande partie des cours royales européennes et par les maharajas qui lui passent des commandes somptueuses, la Maison se verra décerner par le roi Fouad d’Egypte un brevet de « fournisseur officiel ». La même année, en 1929, la Maison participe à l’Exposition française au Caire.


 
Pendule Egyptienne, Cartier Paris, 1927, en or, vermeil, placage de nacre gravée d’hiéroglyphes, corail, lapis-lazuli, émail polychrome et émail blanc. Divinité égyptienne en prime d’émeraude, cornaline et émail. Collection Cartier 

Pendule Egyptienne, Cartier Paris, 1927, en or, vermeil, placage de nacre gravée d’hiéroglyphes, corail, lapis-lazuli, émail polychrome et émail blanc. Divinité égyptienne en prime d’émeraude, cornaline et émail. Collection Cartier 

Comme le précise Francesca Cartier Brickell dans son ouvrage Les Cartier**, « Il ne s’agissait pas d’une volonté superficielle de suivre la mode du moment mais bien plutôt d’une démarche enracinée dans une quête d’authenticité. »

Les inspirations lointaines ont nourri l’imaginaire de Cartier à travers les époques. Revenant aux motifs symboliques de l’influence des civilisations du Nil, Cartier présente en 2017  la montre de haute joaillerie Papyrus. Cette petite merveille, trésor de savoir-faire horloger et joaillier, est sertie de trente-deux émeraudes de forme coussin de Zambie (au total 38,20 carats) et abrite un mouvement mécanique à remontage manuel.

Comme le précise Francesca Cartier Brickell dans son ouvrage Les Cartier**, « Il ne s’agissait pas d’une volonté superficielle de suivre la mode du moment mais bien plutôt d’une démarche enracinée dans une quête d’authenticité. »


 

Cartier, montre de haute joaillerie Papyrus – or gris, émeraudes, onyx, diamants taille brillant, mouvement mécanique à remontage manuel.

Les inspirations lointaines ont nourri l’imaginaire de Cartier à travers les époques. Revenant aux motifs symboliques de l’influence des civilisations du Nil, Cartier présente en 2017  la montre de haute joaillerie Papyrus. Cette petite merveille, trésor de savoir-faire horloger et joaillier, est sertie de trente-deux émeraudes de forme coussin de Zambie (au total 38,20 carats) et abrite un mouvement mécanique à remontage manuel.

Van Cleef & Arpels célébrait également cette année le centenaire de l’égyptomanie, qui marqua de son style la courte et foisonnante période qui suivit 1922

L’exotisme ne cesse d’inspirer le joaillier parisien, du Japon à la Chine, du Moyen-Orient à l’Extrême-Orient, de la Perse à l’Egypte. Sur ses créations revivent les motifs emblématiques de la culture picturale égyptienne ainsi que des figures pharaoniques ou de simples scènes de la vie quotidienne. Sur fond d’un éblouissant pavage de diamant, saphirs, émeraudes et rubis tracent sobrement le motif, parfois souligné par des onyx au noir profond évoquant le khol qui appuyait le regard des femmes de l’Antiquité égyptienne.

 

De longs sautoirs fluides descendent jusqu’en bas du dos, épousant la mode les robes du soir très décolletées des années 1920.  Manchettes, broches et longs pendants d’oreilles racontent l’Egypte selon Van Cleef & Arpels avec la poésie qui a toujours inspiré la Maison.

La fascination pour un ailleurs mystérieux revient de temps à autres sur le devant de la scène. En 1967, l’exposition « Toutânkhamon et son temps » au Petit Palais à Paris attira 1,24 millions de visiteurs. La joaillerie, toujours scénarisée et évocatrice d’une culture égyptienne ancienne et fantasmée, évolue vers des montures plus modernes, plus abstraites, suivant en cela les tendances artistiques. Elle crée des mariages de pierres et de matières innovants, tel que le vert mentholé de la chrysoprase dont la teinte douce se mélange à la turquoise et au corail (Van Cleef & Arpels, bague Scarabée, or blanc, chrysoprase, turquoise, corail, diamants – Collection Palais de la Chance 2012).

Pour les joailliers, regarder vers l’avenir, c’est aussi se retourner vers leurs inspirations orientales, du Moyen-Orient à l’Extrême-Orient. Dans leur vocabulaire, leur communication, leurs références, si ce n’est leurs collections, ils y trouvent une matière et une inspiration infinies.

L’exotisme reste un vecteur puissant du storytelling joaillier. Il crée ce voyage vers l’imaginaire indissociable de l’univers de la joaillerie et de la haute joaillerie.

* L’acquisition de petits objets ou motifs anciens, transformés en bijoux, fut très courante chez Cartier. Les objets étaient incrustés ou transformés par les ateliers de la Maison. C’était une façon de magnifier le bijou, de lui donner un sens profond et c’est ce que recherchait la cliente. Les expositions Jade, des Empereurs à l’Art Déco en 2017 et Cartier et les Arts de l’Islam en 2021 l’ont illustré avec des bijoux de la Maison réalisés autour de jades impériaux anciens, de perles, de motifs de métal et de pierres précieuses gravées.

** Cartier Brickell, Francesca, Les Cartier, éd. CNL, 1922

Isabelle Hossenlopp, Décembre 2022

Les photos sont la propriété des Maisons Cartier et Van Cleef & Arpels. Toute reproduction de texte et photos est interdite.

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