Renaissance de la Maison Vever

La Maison Vever, symbole du style Art nouveau français en joaillerie, renaît aujourd'hui avec le style léger et onirique qui a fait son succès au début du XXème siècle.

La Maison Vever, symbole de la joaillerie française à l’époque Art nouveau, s’était endormie en 1982. Elle renaît aujourd’hui et s’inspire fidèlement de la légèreté du dessin et des figures féminines et oniriques qui ont fait son succès à l’origine. En s’exposant à la Biennale au Grand Palais Éphémère à Paris du 26 novembre au 5 décembre 2021, le joaillier fera revivre, l’espace de quelques jours, ce passé prestigieux qui marqua de son style une époque. A l’occasion de cette 32ème édition du salon, organisé par le Syndicat des Antiquaires et rassemblant les plus prestigieux antiquaires, artistes et joailliers européens, les créations actuelles de Vever côtoieront les pièces vintage.

Pendentif Sylvia présenté à l’Exposition Universelle de 1900 @Galerie des bijoux du Musée des Arts Décoratifs

Un fleuron de l’Art nouveau

La renaissance de la Maison Vever est une belle histoire de famille née d’une émotion, d’une étincelle, d’un de ces moments fugaces où se décide un destin. Pour l’anniversaire de ses seize ans, une tradition, Camille Vever reçoit de sa grand-mère un bijou créé par la maison familiale. Quelle émotion! Dès lors, l’envie de faire renaître Vever revient « comme une petite musique » à l’oreille de Camille. A 42 ans, avec son frère jumeau Damien et une directrice artistique bien connue dans la profession, Sandrine de Laage, cette rêveuse passionnée, diplômée en finances, relance la Maison de son ancêtre qui fut un fleuron de l’Art nouveau.

Camille et Damien Vever sont la 7ème génération de la dynastie.

 

 

 

 

 

 

 

Peigne Gui et pendentif Papillon, bijoux d’archive Vever (pendentif Papillon photo Aguttes)

Le choix du « no mining »

Dès le départ, Camille Vever fait un choix audacieux, s’engageant à n’utiliser aucun produit de la mine. L’or provient du recyclage, l’ivoire est d’origine végétale. Les diamants sont des pierres de synthèse, écho à l’époque de l’Art nouveau où Vever utilisait déjà des matériaux inattendus comme la corne, l’ivoire, l’émail plique-à-jour translucide et délaissait les pierres précieuses pour les pierres dures ou fines, plus décoratives. Le pari de l’héritière est courageux car si le diamant de synthèse peut prendre la place du diamant naturel, la Maison devra remplacer par l’émail translucide la lumière des pierres de couleur.

Un héritage respecté, une véritable signature Vever

Les nouvelles pièces reproduisent à merveille la délicatesse, la légèreté et la transparence qui ont fait le succès de la Maison au XIXème siècle mais surtout au début du XXème siècle. A ce tournant de l’histoire, l’Art Nouveau dévoile au monde une nouvelle poésie des formes inspirée d’une féminité et d’une nature très sensuelles. Chez Vever, les créatures ailées associées à l’univers féminin, animal et floral créent l’admiration et deviennent une signature de la Maison. Cette inspiration se retrouve dans les collections actuelles sur les colliers Impératrice, Déesse de la pluie, Nymphe du Feu.

Sautoir Impératrice or, diamants de synthèse, perles de culture, émail plique-à-jour

La sublime bague Nuit Magique, papillon léger orné d’un diamant de 3 cts D VVS2, laisse deviner, sous l’émail d’une transparence de ciel, un maillage d’or d’une extrême finesse.

Bague Nuit Magique or, diamants de synthèse, émail pique-à-jour – Photo Sofia Sanchez et Mauro Mongiello

Sur la bague haute joaillerie Gingko, 279 diamants composent les nervures sinueuses des pétales, retenant au centre un diamant bleu de 2,26 carats, fancy blue, VS1 (photo de page d’accueil). Sur un autre modèle, c’est un diamant blanc qui a été serti au cœur de l’éblouissante fleur.

Bague haute joaillerie Gingko, or blanc et diamants de synthèse

Inspiration organique

En-dehors de ces rares et délicates pièces de haute joaillerie, une ligne de joaillerie en or et diamants très réussie reprend avec simplicité les formes organiques chères à l’Art nouveau. Dans la collection Gingko, la texture de l’or, satiné et gravé, suggère la finesse des pétales.

Bague Gingko or rose et diamants de synthèse

Dans la ligne Elixir, une liane d’or enlace le doigt ou l’oreille, se noue sur le poignet et annonce déjà l’une des signatures du renouveau de Vever. Tout comme le serti 5 griffes qui semble surgir d’une minuscule corolle d’or, elle aussi d’inspiration organique.

 

 

 

Bague Elixir, or rose et diamants de synthèse et bracelet Elixir, or jaune et diamant de synthèse

Pour son bicentenaire – Vever a été créée en 1821 – la nouvelle Maison s’est installée dans un salon lumineux au 9, rue de la Paix, tout près de son adresse historique au 19, rue de la Paix. Le client est reçu sur rendez-vous et son bijou conçu à la demande. Un service sur mesure, comme aux plus belles heures de la Maison Vever.

La boutique Vever 19, rue de la Paix – Paris, 1919

Pour en savoir plus

  • « Vever » par Evelyne Possémé, dans « Maîtres Joailliers » dirigé par A. Kenneth Snowman, Denoël, 1990
  • « Henri Vever, champion de l’art nouveau» par Willa Z. Silverman, Armand Colin, 2018
  • « La bijouterie française au XIXème siècle » Henri Vever (1800-1900), Paris, H. Floury, 1906-1908, 3 volumes (illustration ci-dessous – Photo Sotheby’s)
  • Retrouvez une sélection de dessins du fondateur de la Maison, Ernest Vever, et ses commentaires sur les joailliers de son époque dans le livre « Le bijou dessiné » de Guillaume Glorieux, Michaël Decrossas et Stéphanie Desvaux, édition bilingue Norma, L’Ecole des Arts Joailliers, 2021

Isabelle Hossenlopp

Les photos sont la propriété de la Maison Vever. Toute reproduction de photos et textes est interdite

Photo de la page d’accueil : Bague haute joaillerie Gingko, or blanc, diamant bleu au centre et diamants blancs de synthèse.

Parution originale dans l’OFFICIEL Horlogerie & Bijouterie en septembre 2021, modifiée en novembre 2021