Dans le dernier numéro, Entre Luxe & Prestige avait évoqué l’histoire et l’évolution de trois modèles devenus mythiques dans le monde de l’horlogerie, l’Oyster de Rolex, la Tank de Cartier et la Calatrava de Patek Philippe. Bien d’autres modèles font la renommée de Maisons très attachées à donner une filiation et une pérennité à leur montre phare. Parmi ces belles Maisons, Piaget avec la collection Altiplano, Jaeger-LeCoultre avec la Reverso, Jaeger-LeCoultre et la légendaire Speedmaster s’inscrivent dans le sillage de l’élégance intemporelle, de la performance technique ou de de l’exploit physique.
Piaget et le mouvement extra-plat de l’Altiplano
En 2014, la Maison Piaget a fêté ses 140 ans. Que de chemin parcouru pour l’atelier d’horlogerie fondé en 1874 et qui compte aujourd’hui 100 boutiques dans le monde. L’une des dernières en date a ouvert ses porte rue de la Paix à Paris. S’il est une constante dans la vie de l’horloger-joaillier suisse, c’est sans doute la recherche de la miniaturisation attribué au modèle Altiplano. Devenu un véritable mythe dans le monde de l’horlogerie, celui-ci a accumulé toutes sortes de records de finesse.
C’est en 1957 que la Maison Piaget annonce une innovation majeure qui va révolutionner son histoire autant que celle de l‘horlogerie. Le mouvement le plus plat du monde, le fameux 9P à remontage manuel n’est épais que de 2 mm. Trois ans plus tard, il est suivi du calibre 12 P, à peine plus gros. Dès lors, les horlogers de la Maison suisse vont travailler sans cesse sur la miniaturisation du mouvement pour un affinement maximal du boîtier. Avec succès puisqu’à ce jour, le modèle Altiplano totalise 14 records de finesse en horlogerie. Ce résultat est d’autant plus remarquable que les boîtiers contiennent des mouvements à complication dont les composants supplémentaires tendent à les rendre plus épais.
Le lancement du Chronographe Altiplano à remontage manuel en 2015, salué comme le chronographe le plus plat sur le marché, en est encore une belle démonstration. En effet, le modèle constitue un nouveau double record de finesse avec un mouvement de 4,65 mm et un boîtier de 8,24 mm d’épaisseur. Esthétiquement, il est sobre, intemporel et chic, dans la lignée de tous les modèles précédents. Avec 37 mouvements dont 25 extra-plats et 11 à complication majeure, la Maison Piaget affirme en toute légitimité que la finesse du boîtier est sa signature horlogère.
La haute-horlogerie trouve son prolongement naturel dans la haute-joaillerie. Au sein de la Collection Secrets & Lights dont les parures joaillières nous ont emmenés vers l’Orient fabuleux, Piaget a décliné plusieurs montres Altiplano métiers d’art. L’une d’elle était ornée d’un cadran en or guilloché de motifs géométriques, évoquant les splendeurs de l’architecture de Samarkande. Une petite merveille de raffinement.
Jaeger-LeCoultre fête les 85 ans de sa Reverso
C’est en 1833 que l’atelier d’horlogerie d’Antoine LeCoultre voit le jour, mais ce n’est que 33 ans plus tard, en 1866, que la manufacture sera créée. Il faudra attendre 1931 pour que naisse la légendaire Reverso. Légendaire est bien le mot qui convient pour cette montre devenue mythique à plus d’un titre. Sa silhouette en rectangle étiré un peu masculin, sa carrure à triple godron large à l’endroit des attaches, son cadran de style Art déco réversible lui donnent une allure reconnaissable entre toutes. Enfin, l’histoire liée à la naissance de la Reverso ne s’oublie pas. Elle en appelle à notre imaginaire, celui qui nous fait rêver du style de vie élégant, chic et perdu des Indes anglaises et celui du sport « des guerriers, des princes et des rois », le polo. C’est précisément aux Indes que l’idée de la Reverso prend vie lorsqu’un joueur de polo casse encore une fois son verre de montre en disputant une partie. Pour lui, un certain Jacques-David LeCoultre, dont la manufacture compte déjà 200 chronographes à son actif, va s’associer avec l’atelier parisien Jaeger pour inventer la première montre au cadran réversible. Une fois retourné, celui-ci est incassable. Le modèle ainsi breveté est baptisé « Reverso ».
Dès 1931, les possesseurs de la Reverso auront envie de personnaliser l’envers du cadran en métal en y faisant graver des initiales, emblèmes ou blasons. Ce fut le cas du Roi Edward VIII, d’un prince du Danemark, des soldats d’élite des Gurkha Rifles, de la garde personnelle du Maharajah de Jaipur, des élèves d’Eton et de bien d’autres encore. Plus tard, Jaeger-LeCoultre offrira aussi à ses clients la possibilité de faire reproduire sur de l’émail des scènes et des tableaux miniatures, de graver le fond ou de le sertir de diamants. De véritables petits chefs-d’œuvre constituent aujourd’hui les archives de la Maison lorsqu’ils ne sont pas enfouis dans les coffres de clients, offerts à leur seul regard.
Selon Jaeger-LeCoultre « tous ces hommes et ces femmes firent bien plus que graver une petite surface de métal : ils inventèrent, au travers de la personnalisation du boîtier de leur montre, une nouvelle façon d’inscrire leur vie, leur tempérament, leurs rêves aussi, dans la course du temps ».
Chaque lancement apporte un élément innovant. Parmi eux, citons le Calibre 101, alors le plus petit mouvement mécanique jamais réalisé ou le mouvement de la pendule Atmos alimenté uniquement par les infimes variations de température et de pression atmosphérique. Quant à la Reverso, elle accueillera successivement un tourbillon, une répétition minutes, un double fuseau horaire et un quantième perpétuel. Mais ce qui personnalise la Reverso, c’est avant tout son cadran réversible, et dans ce domaine, Jaeger-LeCoultre va innover sans cesse. Quelques réalisations remarquables font date, telles que la superbe Reverso grande complication à triptyque ou encore la Reverso Répétition Minutes à Rideau. La grande complication à triptyque comprend trois faces, dont l’une est blottie dans le boîtier, sous le double cadran. Dans la Reverso Répétition Minutes à Rideau, un carillon indique l’heure chaque fois que l’on retourne le cadran abrité d’un petit rideau en or blanc. Une pure merveille dont la complexité exige qu’elle ne soit assemblée que par un seul maître horloger.
En 2011, année du 80ème anniversaire de la Reverso, la Maison Jaeger-LeCoultre a déjà déposé 400 brevets. Pour marquer cet événement, la Grande Reverso Ultra Thin ouvre une nouvelle page dans l’histoire du modèle. Dans cette toute nouvelle collection, le boîtier est plus large mais très mince, le calibre qu’il renferme n’étant épais que de 2,94 mm. Hommage au style chic et très sobre de l’Art déco, la Grande Reverso Ultra Thin inaugure un nouveau style plus audacieux et moins classique. Dans cette nouvelle ligne, la Grande Reverso Duoface contient deux cadrans et deux fuseaux horaires avec pour conséquence le défi d’actionner avec un mécanisme unique des aiguilles tournant en sens inverse et devant pouvoir être réglées indépendamment l’une de l’autre.
En janvier 2016, la Maison Jaeger-LeCoultre fête les 85 ans de la Reverso avec un flot de nouveautés et réorganise la collection devenue prolifique. Trois styles, Reverso Classic, Reverso Tribute et Reverso One, délimitent dorénavant des univers bien précis. Malgré l’esthétique retravaillée des cadrans, la Maison suisse reste fidèle à une certaine intemporalité qu’elle a su moderniser avec le ton juste. En regardant ces nouveautés, on se surprend à penser que tout change et rien ne change. N’est-ce pas tout simplement ce qui fait la pérennité des grandes Maisons ?
Adulé par les amateurs de belle horlogerie dans le monde entier, la Reverso de Jaeger-LeCoultre reste un modèle sobre et très raffiné. Il est porteur de tout ce que l’Art déco évoque, une élégance, une révolution esthétique dans tous les domaines de l’art et de l’architecture et pour ainsi dire, une certaine insouciance heureuse.
Speedmaster d’Omega, la montre qui marcha sur la lune
Véritable objet de fascination, la Speedmaster d’OMEGAest plébiscitée depuis 50 ans par les astronautes et les agences spatiales. Son surnom, la « Moonwatch », lui a donné une estampille d’éternité.
En effet, la Speedmaster est la première montre qui a « marché sur la lune » en 1969 au poignet de Buzz Aldrin. Une référence extraordinaire qui va marquer des dizaines d’années de développement et de marketing du modèle, dont l’image reste attachée à un événement crucial de l’histoire de l’humanité. Déjà en 1965, la NASA avait soumis la Speedmaster ST 105.003 à des tests extrêmement durs et l’avait déclarée seule montre « homologuée pour toutes les missions spatiales habitées ». Les astronautes américains se l’étaient dès lors appropriée pour leurs programmes Gemini et Apollo.
Omega a apporté de nombreux changements à la Speedmaster depuis (esthétique, calibre, matière,…). Par exemple, pour mieux protéger couronne et poussoirs, le boîtier a été élargi sur le côté droit, donnant au modèle un style asymétrique très reconnaissable. Mais la Speedmaster a gardé toute sa personnalité. On ne touche pas sans réfléchir à une légende ! Grand virage en 2013. Avec la collection Speedmaster Dark Side of the Moon, Omega a propulsé sa montre dans un « black is black » d’allure massive. Le boîtier très large – 44.25mm – poli et satiné est fabriqué à partir d’un seul bloc de céramique noire et assorti au cadran, lui aussi en céramique noire tout comme les poussoirs. Le bracelet est en toile noire. On est bien sur la face cachée de la lune mais par un jeu de contraste, les aiguilles, index et chiffres offrent une lisibilité parfaite.
En 2014, la montre remportera le prix Revival du Grand Prix d’Horlogerie de Genève.
Cette année-là, Omega célèbre l’anniversaire du premier alunissage avec la Speedmaster Professional Apollo 11 Édition Limitée 45e Anniversaire. Le modèle est aussi original que réussi. Fixé sur un bracelet NATO, le boîtier en titane grade 2 satiné gris de 42 mm est agrémenté d’une bague en or encerclant la lunette. Le cadran noir et totalement mat comporte 3 compteurs, les index et les aiguilles sont de couleur or rouge. Sur le cadran noir mat, le contraste est saisissant. Sur le fond vissé apparaissent l’hippocampe, emblème d’Omega, ainsi que les inscriptions « FLIGHT QUALIFIED BY NASA FOR ALL MANNED SPACE MISSIONS », « THE FIRST WATCH WORN ON THE MOON » et « APOLLO 11, 45TH ANNIVERSARY, LIMITED EDITION, 0000/1969 ». La montre est limitée à … 1969 exemplaires, commémorant ainsi l’année où Apollo XI s’est posé sur la lune.
Le marketing de la Speedmaster est un défi pour Omega qui doit innover sans trahir un ADN plus que précieux. C’est une véritable mission d’équilibriste pour la marque, qui n’a pas fini de
faire parler de son idole.