« C’est dans un vieux tailleur que je suis vraiment à l’aise, mais pas dans un de ces tissus rudes et lourds… Ah, non ! Surtout pas… C’est moi d’ailleurs qui ai appris aux Écossais à faire des tweeds légers. Je vous jure que j’ai eu du mal à les convaincre ! ». Cette citation de Coco Chanel en dit long sur les territoires à la fois mixtes et complexes que se sont souvent disputés les hommes et les femmes. Ce qui était masculin hier ne l’est plus exclusivement et ce qui semblait invariablement féminin est apparu chez l’homme. Au gré des époques, des progrès techniques ou des modes, les territoires se sont interpénétrés et floutés. Les femmes ont adopté les coupes droites, les couleurs sombres et les modèles épurés de tout falbala, broderie ou passementerie, les hommes ont accepté la couleur, les étoffes souples, les coupes plus larges.

Le bijou, apanage des femmes ?

Historiquement, le bijou n’a pas été une parure féminine, affirme Gislain Aucremanne, historien et professeur à l’Ecole Van Cleef & Arpels. Les hommes et les femmes en portent depuis 75 000 ans. Au départ taillés dans l’os, la corne, les dents d’animaux ou toutes les matières que prodiguait la nature, ils avaient pour but d’affirmer une autorité, une puissance mais aussi de protéger, comme un talisman. Les bijoux étaient portés le plus souvent par les hommes, mais également par les femmes lorsque celles-ci avaient le pouvoir. On se souvient des rois de France qui portaient plastrons et boucles d’oreilles, incrustaient de diamants leurs boucles de chaussures, de ceinture ou leurs vêtements. Louis XIV en était friand, lui qui avait deux passions « les jardins et les diamants ». Gislain Aucremanne précise que les bijoux ne deviendront un atout exclusivement féminin qu’après la révolution industrielle, lorsque l’aristocratie laisse le pouvoir à une bourgeoisie industrieuse qui revêt un costume strict et abandonne toute forme de parure. A ce moment-là, le bijou devient une parure féminine. Il reste dans un rôle de démonstration toujours, mais cette fois-ci, c’est de la réussite de l’époux dont il est question.

Une certaine forme de sensibilité

Le bijou pour homme serait-il donc un simple retour de l’histoire ? Pas vraiment, les hommes qui en portent aujourd’hui ont un état d’esprit totalement différent. Il ne s’agit plus d’affirmer une position d’autorité dominante mais au contraire, de laisser transparaître une certaine forme de sensibilité. Les hommes portent des bijoux pour affirmer un goût, une appartenance, une personnalité ou s’inventer un style, un peu à rebours – encore aujourd’hui, avouons-le tout de même – des idées reçues. Pour la collection Printemps Eté 2013 de Saint-Laurent, Hedi Slimane…

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Parution Entre Luxe & Prestige 2016

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Photo de première page – Camille Lacourt porte le bracelet Move Titanium de Messika © Messika