Parmi les exposants joailliers du salon Révélations au Grand Palais en mai dernier, Arteau Paris fut incontestablement la plus jolie surprise.
Arteau Paris a été créé par Stéphane Marteau, courtier en pierres précieuses et joaillier dans une première vie. Les Marteau sont joailliers de père en fils et c’est avec son père que Stéphane découvre très jeune le monde enchanté des pierres précieuses. Un court passage chez Alexandre Reza lui fait découvrir des gemmes extraordinaires, une de ces expériences qui vous décide d’une vie en un claquement de doigt. Le jeune homme ne regarde plus la joaillerie avec cette distance un peu hésitante, il se jette à l’eau et dirige pendant plusieurs années l’entreprise familiale qui fournit déjà les grandes Maisons de la place Vendôme.
Las, ces Maisons passées entretemps dans le giron des grands groupes internalisent petit à petit l’achat des pierres, la création, la conception et une partie de la fabrication. Stéphane Marteau retourne donc à ce qu’il aime, concevoir des pièces uniques avec la patience et le « temps long » nécessaire. Arteau Paris est né. Sur le tard, oui…mais avec une maîtrise parfaite du marché et la fine intuition de ce qu’attendent les clientes de Haute Joaillerie. En vieux loup de mer qui a tout vu, il a surtout envie de les surprendre, de séduire ces femmes riches et gâtées qui, elles aussi, ont tout vu et attendent le coup de cœur.
Stéphane Marteau adore les grenats, les spinelles et les tourmalines dont les teintes subtiles ne sont jamais les mêmes. « Quand je suis en Asie ou en Afrique, je peux avoir un coup de cœur sur un brut, je l’imagine taillé et je dessine dans ma tête le bijou qui va avec », dit l’amoureux des gemmes. Ses yeux pétillent quand il évoque sa pierre préférée, le spinelle aux nuances tendres et douces, gris, roses, roses-orangés, bleus et verts… Les diamants ? Il y en a trop tout simplement, il faut revenir à plus de simplicité. Stéphane Marteau utilise la taille 8×8 ou bien le rose cut pour les plus gros. « Cela donne un éclat particulier, plus discret, plus élégant » dit-il. Et quand il utilise des brillants, il les sertit culasse en haut pour en atténuer l’éclat et laisser la vedette aux couleurs.
Ses références ? JAR et Hemmerlé… en toute simplicité. Ses bijoux ont le côté à la fois sculptural et léger, ondoyant et vivant de ceux de JAR, dont le travail des formes s’exprime à merveille dans les semis de pierres.
Comme ses maîtres modèles, Stéphane Marteau aime tester de nouveaux métaux comme l’argent noirci, l’aluminium, le cuivre, le bronze et bien entendu le titane, de plus en plus répandu en haute joaillerie et qui permet des effets de couleur qui se fondent avec les teintes des pierres. Sur des boucles d’oreilles en acier noirci et or, deux cabochons de saphir gris sont entourés de spinelles gris de Birmanie et de pierres de lune. 263 diamants 8×8 illuminent discrètement l’ensemble. L’effet est sobre et très élégant. Dômes d’opale, de corail, de calcédoine, grenats bruts polis aux contours irréguliers et pierres taillées se posent comme de gros bonbons au milieu d’un semis de pierres éclatantes et de diamants discrets. L’invention d’un nouveau chic, assurément !
Isabelle Hossenlopp
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